jeudi 24 août 2017

ÉLEVAGE DE MOUTON DE CASE POUR TABASKI

Contrairement à ce que l’on pense, l’élevage de moutons fait partie des secteurs les plus rentables à Dakar. Cependant, le manque d’espace et la cherté des aliments de bétail sont autant de contraintes qui découragent les éleveurs. Mamadou Dieng dit Ndiaye aime élever des moutons. Une tradition qu’il a héritée de son père. Menuisier de son état, cet homme, la quarantaine bien sonnée, élève des moutons depuis 20 ans. De père en fils, sa famille figure parmi les plus grands éleveurs de Dakar. Au quartier Fass Delorme, Mamadou dispose d’un grand atelier de menuiserie. En face de son lieu de travail, une tente est aménagée pour les besoins de « l’opération Tabaski ». Ici, on découvre des moutons de races différentes. « Les prix varient selon les lignées et les espèces ». Au milieu de ce troupeau, Mamadou se lance dans une course effrénée, pour séparer deux moutons qui s’écornent dans un des mangeoires dispersés çà et là. L’ordre rétabli, il se tourne vers « king », le plus jeune bélier du troupeau. La main sur le dos de l’animal, il le caresse avec tendresse. Un coup en avant et un en arrière, l’animal, très excité, fait vibrer tout son corps et fait tomber quelques poils. A côté de lui, une autre bête fait résonner la clochette attachée à son cou. Il laisse entendre un bruit aigu qui vient se mêler aux bêlements du troupeau. Cette chainette démarque l’animal des autres. Sur ses deux flans, des taches noires donnent un éclat à sa blancheur. L’animal est spécial et a de multiples facettes. C’est pourquoi le maître le traite avec une considération certaine. D’ailleurs, confie-t-il, «c’est le plus jeune de l’enclos, il est âgé de 1 an et demi et fait partie de la lignée, ‘’Machalah’’. C’est une race qui produit de gros moutons. C’est l’un des géniteurs de notre troupeau. En général, nous élevons des races métissées. D’ailleurs, c’est lui qui a fait cette année la campagne de publicité d’Orange Money, avec qui je collabore depuis 3 ans. C’est moi qui leur fournis en moutons dans le cadre de leurs jeux concours Tabaski », affirme le responsable de la ferme. Apparemment, ce troupeau est issu d’un élevage de prestige qu’on ne trouve qu’à Dakar. « Il s‘agit d’une race très calme, rustique et facilement manipulable. Le plus vieux a 3 ans. Et entre-temps, il permet de multiplier la race. Et les agneaux de très bonne qualité sont commercialisés à hauteur 5 millions ». Il souligne : « Je pratique l’élevage depuis des années, c’est une passion pour moi. De plus, j’y trouve mon compte. Grâce à ça, j’ai pu acheter un terrain que j’ai déjà construit». Très expérimenté dans ce métier, Mamadou est très exigeant sur le choix des espèces. « Je choisis mes moutons en fonction de leurs lignées ». D’ailleurs, il maîtrise bien ces lignées et renseigne qu’il y en a plusieurs. « Mais, dans mon enclos, on trouve les lignées docteur, Machalah, Algoor, Yekini et Assis-long. Cependant, les prix pour la Tabaski ne dépendent pas de ça. Mais plutôt de la taille et du poids. » Outre les lignées, il y a une variété, les ‘’Bali-balis’’. « Parce que qu’ils sont plus rentables », soutient-il. Quand les terrasses servent d’enclos Actuellement, Mamadou élève ses moutons sur une terrasse. Un local qu’il loue. Ce qui fait que ses voisins se plaignent souvent à cause du bruit que font les moutons pendant la nuit. Pour ce qui est de la propreté, Ndiaye a engagé depuis 5 ans un jeune qui s’occupe de nettoyer la case des moutons et de leur entretien. Très passionné par l’élevage, le menuiser avertit à ceux qui souhaitent se lancer dans le métier que « c’est très coûteux ». « Les aliments de bétail coutent très cher à Dakar. Et, cela nous cause beaucoup de problèmes. Surtout nous qui élevons beaucoup d’animaux. On est obligé d’acheter en gros. Parfois, je négocie avec un camionneur pour aller trouver du foin dans la campagne, pour avoir un stock en permanence ». Contrairement aux autres, M. Dieng ne souffre pas de vol de bétails. Car, il a très tôt pris ses dispositions en engageant un gardien qui veille sur son enclos. Encadré Autosuffisance en moutons d’ici à 2020 Faisant partie du Réseau des éleveurs du Sénégal, une association qui vise à atteindre l’autosuffisance en moutons d’ici à 2020, Mamadou suggère : « Nous, éleveurs du Sénégal, pouvons nous organiser pour mettre un terme à l’importation des moutons de la Mauritanie et du Mali. Nous avons plus de 50 associations issues des 14 régions du Sénégal. Le ministre de l’Élevage nous a déjà donné son accord de principe. Donc, ce samedi 19 août, nous allons tenir une assemblée générale au Cices pour décliner les objectifs. Nous avons déjà des partenaires qui s’activent dans la vente d’aliments de bétail. Pour ma part, je compte gérer le coté logistique ». Pour Mamadou Dieng, le Sénégal peut bien atteindre l’autosuffisance en moutons. « Il suffit juste de s’organiser. Nous avons des bergeries dans les campagnes. Si on les associe aux races dont nous disposons, ça facilitera le processus ». Mama Katherine DIOUF

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